vendredi 1 octobre 2010

Recueil Enfants d'Italiens



Première manifestation "Vers d'autres voix", autour du recueil Enfants d'Italiens, quelle(s) langue(s) parlez-vous ?

Avec: I. Felici, Ch. Saragoni, D. Valin, J. Ch. Vegliante.

Le Mercredi 20 Octobre 2010 à 18h 30.
Bibliothèque d'Italien et Roumain, 1 rue Censier, 5ème étage.

Enfants d’Italiens…


Avant les blacks, avant les beurs, avant les portos, il y a eu ces Italiens que l'on ne remarquait qu'à peine (mais déjà trop pour une certaine droite bien assise), que l'on n'appelait pas encore - plutôt sympathiquement - "ritals" ; dont la culture (un terme que personne n'utilisait pour ça, à l'époque) aurait fait penser peut-être à celle des romanichels, toujours là où on ne les attendait pas, bref aux Roms d'aujourd'hui dans l’imaginaire collectif... À l'opposé de celle des Français dits "moyens", foncièrement sédentaires.


Ils étaient à la fois transparents, surtout après que l'entrée en guerre de leur pays en 1915 (mieux vaut tard que jamais) les eut lavés de certaines taches - comme celle d'avoir une cuisine "nauséabonde", mais oui, et de refuser de se battre pour rien -, et quand même trop quelque chose, inévitablement : trop bruyants, trop excités, trop rouges, fauteurs de grèves, trop cathos (ou Christos), trop effacés et donc sournois, trop entreprenants avec les femmes françaises, etc. - d'ailleurs polygames clandestins, chuchotaient les "braves gens" plaisantés par Brassens... Et, pour l'avoir fait une fois (le 10 juin 1940), encore et en douce toujours susceptibles de vous planter un coup de poignard dans le dos.

Tout cela remonte loin, on a le droit d'oublier : si loin que personne, à l'époque, ne s'intéressait à ce genre de question. Transparents et indifférents, invisibles, peu à peu "intégrés" au reste (ils disaient "otorizzati" pour naturalisés), et plutôt bien. Rideau. Qu'est-ce qu'ils ont dû souffrir, ces "macaronis" et "italboches" primo-migrants, ces "ours", pour que leurs descendants aujourd'hui soient parfois devenus les plus xénophobes d'Europe ! Un drôle de travail de deuil, ou peut-être son refus obstiné. Notre ambition, dans une structure universitaire qui a été la première à remuer ces cendres-là, serait que cette soirée, faite de témoignages et d'expressions "populaires" (autant que dire se peut, à l'ère du numérique médiatique), chantées en particulier, serve au moins à rendre ce travail un peu plus réfléchi, et pacifié. Selon la formule immortelle de Coluche, "Vous êtes beurre, moi plutôt fromage, mais quand même tendance parmesan"...